Le chemin de croix des entrepreneurs
Eveil des consciencesPublié le 22/09/2021
Le chemin de croix des entrepreneurs.
Alors que l’on nous présente l’entrepreneuriat comme le remède magique au chômage et/ou à la pauvreté avec des exemples de réussite à l’américaine, le revers de la médaille quant à lui est très souvent occulté.
La souffrance de l’entrepreneur, qui peut parfois conduire à la dépression, est un phénomène peu médiatisé en comparaison de la santé des salariés en général. Ce sujet tabou devrait nous interpeller, car il est le reflet de la cruauté de notre société dans ses injonctions paradoxales.
« Aux âmes sensibles s’abstenir. Contenu long et choquant »
Il m’arrive très souvent de regarder des vidéos de motivations (même si ce terme me parait inadéquat et pour preuve, il a été vandalisé par des personnes autoproclamées coachs…) et surtout de success stories sur des plateformes comme Youtube, Facebook, etc. comme vous, je parie.
Pour le seul grain « d’Africanité » et de bon sens qui me reste dans mon désert d’incrédulité et dés-enracinement profond, j’ai commencé à orienter mes recherches vers des modèles qui concordent avec les réalités que je vie.
Très vite, je suis tombé sur des phrases qui sont devenues mythiques du genre :
« J’ai commencé comme vendeur ambulant de chewing-gums, aujourd’hui je possède des usines à Kossodo »
« J’ai commencé avec un grain de riz, aujourd’hui, je possède des chaînes de restos ».
Détrompez-vous, je ne suis pas en train de remettre en cause la réussite de ces entrepreneurs encore moins leurs parcours, mais force est de constater que l’on a toujours l’impression qu’il y a une partie de l’histoire qui est chaque fois sautée dans ce type de récit.
Après tout, le flou qu’il y a (ou qu’il y aurait) renforce de plus en plus l’aspect mythique ou mystérieux que certains évoquent de plus en plus avec tant de conviction. Le sujet de cet écrit se remportant au parcours des entrepreneurs, il est normal que je m’interroge.
Sans être long, je m’en vais vous égrainer quelques éléments d’appréciations qui vont peut-être vous interpeller sur le chemin de croix des entrepreneurs.
En premier lieu, les pressions. Il faut déjà souligner que sous nos contrées, lorsque vous avez un projet vous avez systématiquement deux types de persona qui se manifestent. Vous avez ceux qui n’aiment pas le projet parce que c’est vous qui en êtes le porteur, donc leur mépris à votre égard est transposé sur votre projet. La deuxième catégorie est celle des personnes qui n’aime pas le projet juste parce que vous en êtes l’initiateur, car ces derniers auraient voulu être à votre place.
À côté de ces personnes, vous avez la famille qui vous demande de faire les concours, car vos frères ont besoin de vous urgemment et j’en passe. En d’autres termes, l’environnement social est fait pour que « vous tiriez à terre et que vous ratiez la terre » pour reprendre les propos d’un enseignant que je salue au passage.
Passé les pressions sociales si vous n’avez pas abandonné, vous rentrez dans le volet des finances. C’est en ces moments où tu regrettes de n’avoir pas été attentif pendant tes cours de comptabilité (si tu as eu de la chance d’en avoir). En effet entre toutes les taxes et impôts à verser, les salaires et les autres charges tu te demandes si tout cela en vaut la peine. Pour vous donner un ordre d’idée, vous avez entre autres : l’IUTS et la TPA (l'impôt unique sur le traitement des salaires et la Taxe patronale payé sur les salaires versés), la CNSS (la cotisation sociale qui comprend celui du travailleur 5.5% et de l'employeur 16%), l’ IRF( Impôts sur le revenu foncier perçu : sur les loyers payés), IS ( 27.5% du bénéfice HT réalisé en fin d’année), etc. Le clou du spectacle, c’est que la seule exonération concerne la patente et est limitée à deux ans maximums.
Et là encore, on ne parle pas de la corruption à tous les niveaux dont vous êtes victimes ou auteur en fonction des situations. Certains diront, mais les marchés publics rapportent gros, etc. Oui en théorie, mais enlever les 10% (il parait que c’est 15% maintenant), le pourcentage pour les remerciements (ou le graissage), le pourcentage pour les charges fixes et enfin le pourcentage pour exécuter le marché, il ne vous restera plus rien. Encore ce que d’autres oublient, c’est les retards de paiement chroniques et la tonne de paperasse à remplir pour être aux normes.
À ce stade les survivants qui pensaient en avoir fini de toutes ces péripéties, sont vite rattrapés par la problématique de la gestion des ressources humaines. Je me suis toujours demandé pourquoi on en parlait peu ou pourquoi on trouve peu de formations sur comment trouver de bons collaborateurs et la gestion de ces derniers. Si vous semblez médusé par mes interrogations, c’est que vous n’avez pas encore vécu une situation comme celle-ci : entre les collaborateurs maquillant leurs incompétences avec un CV long comme le bras, les collaborateurs fantômes qui sont tout le temps en retard avec des raisons farfelues comme : un cousin éloigné est décédé ; et le collaborateur qui après deux mois passés avec vous dans l’entreprise pense pouvoir être le directeur à votre place.
Enfin on ne saurait s’arrêter là, sans parler des clients car ce sont eux qui font vivre les entrepreneurs. Là si vous pensiez avoir rencontré les personnes les plus bizarres qui puissent exister, vous allez vous rendre compte que vous en étiez loin, il faut dire que les clients que vous démarcherez sont d’un autre niveau. En effet entre les clients qui ne savent pas ceux qu’ils veulent mais qui vous font la misère sur les délais, ceux qu’ils veulent une voiture avec le budget d’un vélo et ceux qui estiment que votre travail ne vaut pas tel prix et pensent que vous êtes très jeune par rapport à la somme que vous demandez pour vos prestations vous en verrez du tout.
Vous l’aurez compris, c’est loin d’être une partie de plaisir et là encore, ce ne sont que les parties visibles de l’iceberg.
C’était un juste en clin d’œil aux entrepreneurs qui ne vivent pas toujours de beaux jours.
À bientôt pour la suite…
C’était Sourgou Franck.
Picture by @Iwaria
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